Quand les dates se répètent : comprendre les mystères de notre arbre généalogique

PSYCHOGÉNÉALOGIE

Laurence Baudot

5/25/20245 min read

Le contenu de mon poste

S’intéresser à sa généalogie peut réserver bien des surprises !

Parmi celles-ci, la répétition des dates d'une génération à l'autre est un phénomène intrigant. Ces dates, si particulières, revêtent une signification profonde que la psychogénéalogie explore à travers l’analyse des arbres généalogiques.
Pour décoder les mystères du temps généalogique, il est crucial d’examiner cet enchevêtrement de significations cachées.

Chaque famille vit selon son propre temps généalogique. L'analyse de ses marqueurs temporels permet de cartographier ce temps familial spécifique.

Voici les trois principaux marqueurs à examiner :

1 – Les dates personnelles et collectives

2 – L’âge au moment des évènements marquants

3 – Les durées, telles que la durée de vie, des couples, du travail, etc.

Il est essentiel de s’intéresser à ces marqueurs temporels pour comprendre notre généalogie.


1 – Les dates personnelles et les dates collectives :

Il faut prendre en compte toutes les dates que nous aurons trouvées dans les actes officiels (naissance, mariage et décès). Ces dates, lorsqu’elles se répètent, nous dévoilent une organisation généalogique reliant les individus d’une même famille à travers les générations.
Si des dates se répètent, il y a quelque chose à comprendre. Ces répétitions peuvent par exemple signaler des tentatives inconscientes de réparer ou consolider des évènements passés.

Ainsi, une naissance à la date de mariage des parents peut indiquer un effort inconscient pour renforcer ce mariage.

L’inconscient familial emploie aussi les dates pour souligner les liens entre les événements et les individus de notre arbre généalogique. Un exemple douloureux est le décès d’un membre de la famille le jour de notre anniversaire, ce qui peut engendrer une peur de célébrer cette date. Il faut alors se demander en quoi notre naissance a perturbé sa vie.

L'arbre généalogique semble agir comme un ordinateur puissant, répertoriant et rééquilibrant en permanence les données entre les manques et les nouveaux apports. La naissance d'un enfant coïncidant avec la disparition d'un membre de la famille illustre cette dynamique.


Un exercice passionant consiste à créer un almanach familial répertoriant toutes les dates recueillies lors de notre enquête généalogique. Cela peut aider à éviter de choisir des dates déjà chargées pour des événements majeurs comme les mariages. On peut aussi identifier le "syndrome anniversaire", où des difficultés se réactivent à des dates clés, nous rendant physiquement et psychiquement vulnérables. Ces coïncidences sont des appels de notre conscience à examiner certains événements du passé familial.

Au niveau collectif, l’arbitraire et l’injustice liés aux évènements historiques subis par notre famille a de fortes chances de s’incruster comme date récurrente dans la vie des descendants. Une illustration frappante en est le décès de Robert Badinter le 9 février 2024 qui a coïncidé avec le jour où la Gestapo avait capturé son père pendant la Seconde Guerre mondiale le 9 février 1943.



2 – L’âge au moment des évènements marquants

L'âge auquel se produisent les événements marquants (mariages, naissances, décès, divorces, accidents, expatriation, etc.) est un autre marqueur clé.

Selon Elisabeth Horowitz, "l’âge est le principal activateur du passé familial".

Si je tombe malade à 50 ans, je dois examiner ce qui est arrivé à mes ancêtres à cet âge-là.

Le trauma peut aussi rester silencieux, mais se réveiller quand mes enfants arrivent à l’âge critique, 11 ans, par exemple, si mes parents ont divorcé quand j’avais onze ans ; il faut l’identifier, il s’agit peut-être d’une dépression que je n’ai pas pu vivre quand j’avais onze ans.

Lorsque j’atteins l’âge de mes parents au moment de leur décès, une loyauté inconsciente peut me pousser à vouloir disparaître au même âge. Pour contrer cette pression généalogique, il est utile de faire le contraire de ce que faisait le parent, comme investir son énergie dans une activité créative s'il est mort à l’âge de la retraite.


3 – Les durées : durée de la vie, du travail, des couples, etc.

Il faut regarder ensuite le temps vécu par chacun, la durée des couples, les écarts d’âge entre les frères et sœurs. Regrouper ces données dans un tableau pour repérer les répétitions.

Ces durées peuvent se répéter d’une génération à l’autre, rythmant les évènements familiaux par leurs cycles récurrents.

Par exemple, des grands-parents décédés après 10 ans de mariage peuvent avoir des descendants dont les relations ne durent pas plus de neuf ans.



En conclusion

Les dates individuelles et collectives, les âges clés et durées de vie, recueillis sur quatre ou cinq générations, révèlent un langage symbolique complexe auquel la psychogénéalogie donne sens. Nous héritons des programmations de notre arbre généalogique, et les échecs ou interruptions involontaires d’un projet affectif, professionnel, ou autre, restent en suspens pour être résolus par les descendants.

Ainsi, les ascendants dont la réalisation a été incomplète se perpétuent en investissant les descendants et en provoquant des évènements à des dates similaires. Pour ne pas subir cela comme une malédiction nous devons être particulièrement vigilant au moment des dates clés de l’arbre et faire ces jours là des choses nouvelles, créatives, car sous toutes les souffrances se cachent l’amour et la créativité refoulés qu’il nous appartient de faire renaître.

Pour approfondir le sujet, je vous conseille le livre d'Elisabeth Horowitz et Pascale Reynaud : "Se libérer du temps généalogique"




horloges anciennes. unsplash.
horloges anciennes. unsplash.
plusieurs vieilles horloges accrochées sur un mur et donnant des heures différenes. Unsplash.
plusieurs vieilles horloges accrochées sur un mur et donnant des heures différenes. Unsplash.
couverture du livre "se libérer du temps généalogique"couverture du livre "se libérer du temps généalogique"