Mon corps généalogique d’Élisabeth Horowitz
Compte rendu de lecture du dernier livre d’Élisabeth Horowitz "Mon corps généalogique - comment l'histoire famililale influence notre santé et notre ADN et comment guérir"
Laurence Baudot
4/25/20255 min read
Tout nouveau livre d’Élisabeth Horowitz est pour moi un évènement que j’attends avec impatience tant ses ouvrages occupent une large place dans ma bibliothèque consacrée à la psychogénéalogie.
Le dernier paru, « Mon corps généalogique – Comment l’histoire familiale influence notre santé et notre ADN et comment guérir » se classe, selon moi, parmi ses meilleurs. Et c’est sans doute celui à lire en priorité pour débuter.
Depuis plus de vingt-cinq ans Élisabeth Horowitz publie des ouvrages consacrés à l’influence de notre arbre généalogique sur notre destinée. Elle y détaille les effets de notre généalogie sur nos vies à travers les répétitions de dates, de noms et de structures généalogiques, les âges clés et les secrets de famille, entre autres éléments généalogiques prépondérants.
Dans ce dernier ouvrage très riche, elle reprend tous ces éléments avec beaucoup de clarté en les illustrant de nombreux exemples issus de sa pratique ou de cas médiatisés.
De notre naissance à l’histoire de nos parents et grands-parents tous les grands évènements de nos vie sont passés au crible de son analyse psychogénéalogique.
Mais si on retrouve dans ce dernier livre tous les principes de base de la psychogénéalogie, Élisabeth Horowitz va plus loin dans sa deuxième partie en affirmant que notre configuration généalogique influence l’expression des gènes, les répétitions généalogiques pouvant entraîner des modifications de l’ADN.
Cependant, elle ne se contente pas de décortiquer l’influence du passé sur nos vies, mais consacre également une partie de son livre à « l’influence familial au présent » ou à ce qu’elle nomme « l’effet parenté », c’est-à-dire les répercussions sur nos vie des évènements actuels dans notre famille. Un mariage, une naissance, un décès, voire une expatriation ou un simple déménagement entraînent souvent des réactions immédiates dans la vie sentimentale, la trajectoire professionnelle ou la santé des proches. En effet, ces évènements modifiant notre capital affectif, c’est-à-dire le soutien affectif et matériel reçu de la parenté, toute transformation de l’équilibre familial risque de nous en priver, au moins en partie. Il en découle des réactions inconscientes pouvant aller de l’incident mineur à la maladie grave, chaque remaniement familial pouvant nous impacter. Lorsque nous rencontrons des difficultés ou problèmes médicaux il est donc important de s’interroger sur ce qui passe au même moment dans notre famille avant d’enquêter sur une éventuelle influence du passé.
Mais revenons sur la deuxième partie de cet ouvrage, intitulée « Les fondations de notre généalogie ». Élisabeth Horowitz y affirme qu’un niveau élevé de ressemblances et de répétitions au sein de la parenté induit non seulement des symptômes, mais aussi des mutations génétiques.
Ces ressemblances et répétitions concernent les similarités au niveau des noms et prénoms, des répétitions de dates, de structures généalogiques (nombres et genre des enfants) et tout autre élément identique (métiers, adresses, etc). Plus les répétitions sont nombreuses, plus le danger augmente, jusqu’à mettre en péril la santé, voire la vie.
L’explication donnée est la suivante : chacun de nous est unique, mais les désordres généalogiques poussent à la fusion, c’est-à-dire à la ressemblance, alors que nous devons nous singulariser. Tout ce qui nous ramène vers la fusion a des effets limitants, sclérosants voire destructeurs, précipitant la disparition du système porteur de cet excès de ressemblances, comme c’est d’ailleurs la cas avec la consanguinité.
Autrement dit, si une carence familiale (séparation ou décès des parents par exemple) entraîne un désir de fusion et donc une augmentation des similarités (redonner un prénom, avoir des enfants en même temps pour des sœurs, etc.), ces ressemblances engendrent à leur tour un niveau d’angoisse et de violence au sein des familles préjudiciable à la santé et à la vie.
Citons un extrait pour mieux comprendre :
« La fusion avec l’autre est un mécanisme de défense, mais il ne fait que renforcer le problème au lieu de le régler. Car un cycle se met en place : séparation/rupture/perte (stress), puis fusion du moi avec l’autre afin de se protéger (mécanisme de défense), puis indifférenciation (résultat) et hausse du danger. Il faut donc éviter de fusionner ; ainsi le trauma initial est-il vaincu. Si l’on ne cherche pas à combler la perte à tout prix, alors elle n’aura point autant d’effet. »
Il est donc déconseillé de choisir comme conjoint un homme ou une femme se prénommant comme les parents ou les frères et sœurs et de redonner à ses enfants son propre prénom ou un prénom déjà porté par la parenté. Mais il n’est pas toujours évident de résister à la force d’attraction de la ressemblance qui peut donner l’impression d’avoir rencontré le partenaire idéal. Cependant, si votre nouvel amoureux porte le même prénom que votre père ou votre frère, mieux vaut fuir que de s’engager dans une relation qui n’apportera rien de nouveau, mais contribuera à vous enfermer dans la répétition de vieux schémas familiaux et pourrait s’avérer dangereux pour les enfants que vous pourriez concevoir ensemble.
Il faut donc retenir que plus les ressemblances augmentent, plus le risque augmente pour soi et l’entourage familial, en particulier la descendance. La prise de conscience des répétitions permet déjà d’en amoindrir les effets, mais pour rééquilibrer le système il faut se différencier et éviter toute répétition de signifiants généalogiques (noms et prénoms, dates). Comme l’explique Élisabeth Horowitz, il est en effet « fondamental de devenir soi-même, c’est-à-dire une personne bien différenciée de sa famille d’origine ».
Au fil de la lecture nous ne pouvons que faire des liens éclairant notre propre histoire. Ces prises de conscience sont précieuses et constituent déjà un premier pas vers un mieux-être. La cinquième partie « Comprendre et guérir » apporte quelques clés pour mieux comprendre et guérir à travers des exemples d’actes symboliques alliant thérapie transgénérationnelle et outils de thérapie brève que chacun pourra s’approprier.
Un ouvrage captivant et salutaire, à lire et à relire !