Devenir un Bon Ancêtre : Guide pour Grands-Parents
Découvrez nos conseils de lecture avec 'Devenir un Bon Ancêtre' de Bruno Clavier. Explorez les thèmes transgénérationnels et le rôle essentiel des grands-parents dans la transmission des valeurs familiales.
PSYCHOGÉNÉALOGIE
Laurence Baudot
11/24/20244 min read


Devenir un bon ancêtre
Qu’est-ce qu’un bon ancêtre et comment le devenir ? C’est la question abordée par Bruno Clavier dans son dernier livre Devenir un bon ancêtre: Transgénérationnel et grands-parents, sous forme d’un récit riche et inspirant, mêlant expérience personnelle et réflexion théorique.
Si nous avons tous des grand-parents (que nous les ayons connus ou non) le devenir à son tour n’est pas rien, surtout si nos grands-parents n’ont pas joué un rôle positif pour nous. Bruno Clavier en témoigne ici, alors que l’annonce de la grossesse de sa fille fait émerger des mémoires traumatiques en lien avec son grand-père.
Bruno Clavier a déjà raconté dans ses précédents livres les violences sexuelles subies dans sons enfance. Il y revient ici et évoque pour la première fois celles infligées par son grand-père, qui refont surface à travers des cauchemars au moment où il devient grand-père à son tour.
« Devenant grand-père, je remettais en route dans ma scène psychique ce qui s’était passé avec le mien, mes mémoires se réactivaient »
Il lui aura fallu soixante ans pour comprendre ce qui s’était passé, dont il témoigne dans ce récit autobiographique émouvant. Entre sa petite fille qui vient de naître et son père, proche de la mort, nous le suivons dans cette traversée des traumatismes de son enfance et son parcours pour en guérir. Fils, père, puis grand-père, son expérience illustre cette « guirlande générationnelle lumineuse pour la nouvelle fête de la vie, subitement allumée » quand il renoue avec son père et devient grand-père, se retrouvant à pousser chaise roulante puis landau, dans un raccourci temporel frappant.
Au-delà de son expérience personnelle, Bruno Clavier, psychanalyste transgénérationnel, doté d’une longue expérience clinique, élargit son propos à l’importance pour chacun du rôle des grands-parents, qu’ils soient toxiques ou positifs pour leurs petits-enfants.
Devenir grand-père ou grand-mère, tout comme être parent, engage notre responsabilité :
« Nous avons une responsabilité dans notre vie afin de ne pas créer après notre disparition des souffrances pour les générations futures. »
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Ainsi, à propos de sa mère qui ne voulait pas que sa petite-fille l’appelle « mamie », il écrit : « Refuser son rôle de parent, de grand-parent, de mère ou de grand-mère induit non seulement des manques pour les générations suivantes, mais témoigne d’une faille terrible dans sa propre incarnation ».
Lorsque les grand-parents n’ont pas été à la hauteur, il est heureusement possible de se trouver des grand-parents de substitution. Ici encore, Bruno Clavier nous confie comment il s’est construit malgré l’absence de figures parentales et grand-parentales solides. Des amies plus âgées que lui, son maître d’art martial vietnamien, puis ses contacts avec les traditions amérindiennes l’ont aidé à combler ce manque et à s’ouvrir à une autre compréhension de la vieillesse et de la mort.
A travers ce livre, Bruno Clavier nous rappelle à quel point
« Chaque être humain a besoin d’informations sur sa famille, qu’elles soient négatives ou positives. Dissimuler ses origines à un enfant, c’est l’exposer à ce qu’il en soit un jour hanté sans que lui ou son entourage ne comprenne l’origine de ses symptômes. »
D’ailleurs, comme sa pratique le lui a prouvé :
« Les symptômes des enfants visent souvent à mettre au jour les traumatismes de leurs parents, mais également ceux de leurs grand-parents quand ces derniers en ont été victimes dans l’enfance. »
D’après Bruno Clavier,
« nous ne pouvons que reprendre le chemin de nos ancêtres . En le continuant dans le meilleur des cas ; en l’améliorant ou en renversant les sens si cela est nécessaire ; en transcendant en quelque sorte cet héritage. »
Ces propos sont illustrés par la façon dont il a lui-même reproduit en le transformant un héritage qui, malgré sa noirceur, lui a transmis la vie.
Comme il le constate :
« Il existe une autre dimension étonnante de la transmission grand-parentale : quoi qu’aient été nos ancêtres, nous leur sommes redevables de la vie, mais également de qui nous sommes, d’une manière hallucinante. On pourrait presque dire que notre grand-parent, c’est nous »
Il convient donc de « garder le bon et rejeter le mauvais des transmissions, effectuer un retournement bénéfique de la situation » pour, enfin, devenir un bon ancêtre.
Bruno Clavier a su guérir ses plaies et transformer ses traumatismes, mettant au service des autres ses qualités de psychanalystes transgénérationnel. Il partage avec nous son expérience et nous indique le chemin à suivre pour surmonter des héritages familiaux parfois trop pesants.
Certains sujets abordés sont difficiles et douloureux (viols, inceste), telles les violences sexuelles subies enfant par l’auteur. Cependant son témoignage est bienfaisant car il démontre qu’il est possible de transcender ces traumatismes. C’est certes le chemin de toute une vie, traversée de souffrances, mais aussi de joies et au final un témoignage poignant et courageux qui peut redonner espoir à d’autres victimes et les éclairer sur ce qu’elles vivent. Et dont la conclusion pourrait être, selon ses propres mots :
« Rester vivant, quel beau projet »